Thursday, March 15, 2012

l'hopital

A l'hopital
A l'hopital je suis dans le service maternité. On m'a donné la plus grande chambre et je comprends que la procédures prendra surement un certain temps.
Je me souviens juste que les sons étaient ouatés, on entendait de temps en temps un bébé pleurer. Il y avait un grand calme dans la chambre, entre nous un grand silence, de temps en temps on se serrait la main et on se regardait douloureusement. On carresse mon ventre et j'essaye d'envoyer au bébé de l'amour. A chaque petit coup je me pause la question de savoir si le bébé sait ce qui va lui arriver. C'est comme un dialogue silencieux entre moi et mon enfant.
On nous annonce que le docteur viendra à une heure. On attend, la neige se met à tomber et je pense que ma fille est née en avril avec la dernière neige de la saison et ce bébé va mourir en décembre avec la première neige de la saison.
Finalement l'équipe médicale arrive. Que des femmes, assez jeunes pour la plupart. Il y a le chef de service, une obstétricienne, l'interne qui a pris soin de nous et deux infirmières. Je leur propose de faire l'injection moi même. Cela peut paraitre étrange mais j'ai des scrupules de demander à quelqu'un de faire un tel acte sur mon enfant. C'est une manière pour moi d'assumer ma décision et de vouloir en prendre la responsabilité. L'obstétricienne refuse et me dit que l'intervention est loin d'être anodine. Je crois qu'elle était surprise de ma demande.
Elle commence par une écographie. Je sens le bébé qui bouge beaucoup. Ensuite elles désinfectent mon ventre et enfonce une aiguille, elle cherche le cordon ombillicale pour prendre un échantillon de sang afin d'avoir le cariotype du bébé et voir si la malformation est d'origine génétique. Le temps s'étire. Je ne pleure pas et essaie d'envoyer de l'amour liquide à mon bébé. Je souhaite qu'il comprenne et qu'il me pardonne, même si je sais déjà que c'est moi qui ne me pardonnerais jamais. Un très grand calme, un très grand silence et de temps en temps la femme derrière l'écran guide la femme qui tient l'aiguille.
Ironie du sort celle-ci est enceinte, je dirais de sept mois, et je me demande qui elle est. Elle a surement une grande force pour être capable de donner la mort et de porter la vie en même temps.
Changement d'aiguille. Il y a une chance pour que, à ce stade de la grossesse, le bébé naisse vivant. Nous avons décider d'une injection léthale avant l'accouchement pour éviter des souffrances inutiles au fetus. C'est donc la deuxième aiguille qui contient le produit. Il y a dans la chambre une tension palpable. Je me sers de toutes mes forces pour ne pas craquer, rester calme et envoyer de la bonne énergie et de l'amour au bébé. Toujours ce dialogue silencieux entre nous, je t'explique. De nouveau le médecin a du mal a trouver le bon endroit ou piquer. Et enfin, il se passe un phénomène étrange : j'aime à penser que c'est l'âme de mon bébé qui part, c'est comme si une raie de lumière avait balayer la salle du sol au plafond, une espèce d'energie que nous avons tous senti en même temps. Je suis quelqu'un de très très rationnelle, pas du tout religieuse mais au moment de la mort du bébé il s'est passé quelque chose d'inexplicable... sans mot, on a tous su que que le bébé mourrait. Peut être, la tension de chacun qui se relache je ne sais pas. Le docteur nous dit "c'est finit". Et là je craque complètement des sanglots dans tout mon corps, toute la douleur et l'injustice, la rage de ce qui nous arrive, c'est comme mille aiguille enfoncées dans mon coeur, dans mon ventre, j'ai du mal à respirer. Heureusement tu es là, toi, l'homme de ma vie, le père de mes enfants autrement je crois que je serais parti avec le bébé.
Une infirmière pleure aussi pendant que l'équipe remballe tout. Merci pour ces quelques larmes madame, car malgrès la gentillesse de l'équipe il est difficile de penser que peut être pour ces médecins nous ne sommes que la routine, ces larmes m'ont fait réaliser que, non, les docteurs ne sont pas des machines inhumaines et que dans une certaine mesure ils partagent la détresse de leurs patients. Et que, non, nous ne sommes pas la routine. Ca réconforte un peu, on se sent moins seule dans la douleur.
"C'est finit". Non docteur, ca n'est pas finit. Ca n'est que le début d'une longue, très longue période de deuil.

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